Asma Malla, experte à Sciences Po Paris : « DeepSeek : un coup dur pour l'Europe »

Texte intégral du dépêche de Radio France Internationale (RFI) du 1er février : Le logiciel chinois DeepSeek continue de susciter de vives réactions en France. "DeepSeek est un coup dur pour l'Europe dans le domaine de l'intelligence artificielle", a déclaré vendredi au Monde Asma Mhalla, experte des liens entre technologie et géopolitique à Sciences Po Paris.

Elle a déclaré que les modèles d’intelligence artificielle développés par la Chine sont bon marché, consomment peu d’énergie et sont ouverts, ce que l’Europe attend à tous égards. L’Europe aurait dû développer un modèle similaire.

D’un côté, a-t-elle déclaré, l’intelligence artificielle aux États-Unis est une économie à forte consommation d’énergie et à forte émission de carbone. De l’autre côté, la Chine affirme avoir développé un modèle plus frugal, moins cher, open source, reproductible et ouvert au Sud global. La Chine se positionne comme offrant l’anti-modèle pur et parfait.

En ce qui concerne les 5,5 millions de dollars de frais de développement demandés par la Chine, Asma Mara a déclaré : « On ne peut jamais vraiment comprendre les Chinois. Cependant, même si on multiplie ce chiffre par 10 ou 100, il reste bien inférieur au programme américain Stargate. » encore trop petit.”

Une leçon pour l’Europe

Asma Mara estime que l’introduction du chatbot DeepSeek par la Chine est davantage une leçon pour l’Europe que pour les États-Unis. Ce que la Chine a fait, l’Europe aurait pu le faire. DeepSeek est peu coûteux, économe en énergie, peut fonctionner sur une base de données plus petite que le modèle américain massif et il est ouvert. C’est exactement l’intelligence artificielle que veulent les Européens ! Il y a des ingénieurs en Europe qui peuvent développer une telle intelligence artificielle, par exemple, les ingénieurs du Laboratoire d'Intelligence Artificielle du CEA à Grenoble peuvent développer une telle intelligence artificielle. Il s’agit sans aucun doute d’un coup dur pour l’Europe.

Patriotisme et intentions politiques

Asma Mara a poursuivi en disant que nos grands industriels ne tarissent pas d'éloges sur Elon Musk, mais qu'ils pourraient tout aussi bien prendre l'initiative, ils manquent de patriotisme. Ce qu’il ne faut jamais oublier, c’est qu’un fort sentiment de patriotisme est ancré dans les modèles de géants technologiques des États-Unis et de la Chine.

Asma Mara estime qu’il y a aussi un problème d’intentions politiques en Europe. Bien que l’IA, ses risques et ses opportunités fassent l’objet de nombreuses discussions en Europe, elles ne se sont pas accompagnées de l’émergence d’une véritable stratégie industrielle pour cette technologie, orientée vers nos intérêts nationaux. Ces discussions deviennent donc absurdes. Elle a déclaré qu'à sa connaissance, ni Macron ni la présidente de la Commission européenne von der Leyen n'avaient jamais mentionné le terme « intelligence artificielle générale », mais ce terme est le Saint Graal des Américains et des Chinois !

Approche multilatérale

Concernant le Sommet d’action sur l’IA qui se tiendra à Paris du 10 au 11 février, Asma Mara a déclaré que nous travaillerons avec un certain nombre de pays pour réfléchir à la manière de mener une gouvernance mondiale de l’IA par des moyens multilatéraux. Cela peut paraître un peu naïf. Asma Mara affirme que nous verrons l’intelligence artificielle comme un « bien commun », tout comme nous avons rêvé autrefois qu’Internet pourrait être un « bien commun ». Le problème est que le monde a changé. Que faudra-t-il pour que Trump et Xi Jinping acceptent cette approche multilatérale, alors qu’ils se sont engagés à diviser en deux la gouvernance mondiale de l’IA ? L’Europe ne dispose pas de souveraineté technologique, mais est interdépendante, voire dépendante, ce qui la rend vulnérable. L’Europe ne compte pas de géants technologiques, notamment dans le domaine de l’intelligence artificielle. Pourquoi les autres devraient-ils écouter nos opinions ?

Cela veut-il dire que l’Europe a complètement perdu ? Asma Mara a déclaré que la bonne nouvelle concernant DeepSeek est que le développement d'une IA de pointe et générative peut être réalisé grâce à d'autres modèles, sans avoir à passer par l'Union européenne divisée de 27 membres. Il est parfois paresseux de s’appuyer entièrement sur l’UE sur ces questions technologiques et industrielles.

Auteur:Amant

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