Selon l'AFP, le président américain Donald Trump a signé hier une loi imposant des sanctions aux entreprises européennes impliquées dans le projet de gazoduc Nord Stream 2 reliant la Russie et l'Allemagne. Le département du Trésor américain a annoncé que les sanctions étaient entrées en vigueur et a exigé que l'entreprise chargée de la pose du pipeline pour le projet cesse immédiatement la construction.
L'agence de presse russe Sputnik a cité la société suisse-néerlandaise Allseas, affirmant que la société avait suspendu la construction du projet en raison de la menace de sanctions américaines. Mais son porte-parole Jens Muller a déclaré que l'achèvement de Nord Stream 2 est extrêmement important pour assurer la sécurité de l'approvisionnement énergétique de l'Europe, et la société travaillera avec ses partenaires qui soutiennent le gazoduc russe pour le construire le plus rapidement possible.
Il est rapporté qu'en tant qu'actionnaire unique de Nord Stream 2, l'opérateur du projet Nord Stream 2, le coût total du projet est de 9,5 milliards d'euros, dont la Russie contribuera à hauteur de 50%, tandis que le groupe français Engie, le groupe autrichien OMV, Royal Dutch Shell, l'allemand Uniper et l'allemand Wintershall fourniront chacun 950 millions d'euros (soit 10% du coût du projet) de financement.
Jusqu'à présent, le gouvernement allemand n'a montré aucune intention de modifier ses plans et a souligné que le projet était une question purement économique. Un porte-parole du gouvernement allemand a déclaré : « Ces mesures affectent les entreprises en Allemagne et dans d'autres pays européens et nous les considérons comme une ingérence dans nos affaires intérieures. »
L'Union européenne s'est également opposée aux sanctions américaines, un porte-parole de l'UE l'ayant critiquée pour « imposer des sanctions aux entreprises européennes engagées dans des activités légitimes ».
Moscou a clairement fait savoir que cela aurait pour conséquence que le projet resterait en place malgré les sanctions annoncées. Selon Radio France Internationale, la Chambre de commerce germano-russe a insisté la semaine dernière sur le fait que le gazoduc était vital pour la sécurité énergétique et a appelé à des contre-mesures de rétorsion contre les États-Unis si ces derniers adoptaient des sanctions.
Le quotidien français Le Monde a souligné aujourd'hui que c'est là le cœur de la lutte économique et géopolitique entre les États-Unis et l'Europe. Le secrétaire d'Etat américain Mike Pompeo a réitéré la "ferme opposition" des Etats-Unis au projet russo-allemand Nord Stream 2 lors d'une réunion avec le ministre allemand des Affaires étrangères Heiko Maas vendredi. Aux yeux des États-Unis, le projet de gazoduc Nord Stream 2 augmentera inévitablement la dépendance des Européens au gaz naturel russe, renforçant ainsi l’influence de Moscou. Les États-Unis espèrent donc imposer des sanctions aux entreprises liées à la construction du projet.
Les sanctions font partie d’une importante loi sur le budget de la défense américaine pour l’exercice 2020, qui comprend le gel des avoirs et la révocation des visas américains pour les entrepreneurs de pipelines. L'une des principales cibles des sanctions actuelles est Allseas, une entreprise suisse qui possède le plus grand navire de pose de canalisations au monde, le Pioneering Spirit, qui a été engagé par le groupe russe Gazprom pour construire des zones offshore.
Le Monde rappelle que le prédécesseur de Trump, Barack Obama, s'inquiétait depuis longtemps du doublement du gazoduc Nord Stream, qui, selon lui, pourrait accroître la dépendance de l'Europe au gaz russe. Le gouvernement américain demande aux Allemands de se mettre au pas : comment peuvent-ils à la fois justifier une ligne dure contre la Russie depuis l'annexion de la Crimée en 2014 et accepter un tel accord avec Gazprom, la compagnie gazière publique des forces armées russes. La puissance russe ?
Pour Trump, il veut d’abord promouvoir une autre solution, l’exportation du gaz naturel américain par bateau. Avec l’explosion de la production de gaz de schiste, les États-Unis sont passés du statut d’importateur à celui d’exportateur de gaz naturel en quelques années seulement. Cela est possible grâce à la liquéfaction du gaz naturel, qui peut ensuite être refroidi et transporté via des méthaniers.