Selon le journal britannique « Guardian » et d'autres sources, le 21 juin, heure locale, le Parlement suédois a voté une motion de censure contre le Premier ministre Stefan Löfven. Le résultat final a été de 181 voix pour, 109 voix contre et 51 abstentions. Le nombre de voix a dépassé plus de la moitié des parlementaires (175 personnes) et Löfven a été démis de ses fonctions.
Le Premier ministre suédois Stefan Lofven, un social-démocrate, a été évincé vendredi par une motion de censure au Parlement, une première dans l'histoire politique suédoise, et dispose d'une semaine pour démissionner ou convoquer de nouvelles élections, a rapporté l'AFP.
Le gouvernement suédois actuel étant minoritaire et ne détenant que moins de la moitié des sièges au parlement, il doit compter sur le soutien des partis d’opposition de gauche et de droite s’il veut fonctionner normalement. Pour résoudre les problèmes actuels de logement en Suède, le gouvernement Löfven avait déjà présenté un plan visant à modifier le système de location actuel et à stimuler l'investissement dans de nouveaux logements, mais celui-ci avait été rejeté par le parti de gauche (Vänsterpartiet), et le parti de droite avait profité de l'occasion pour lancer une motion de censure.
En réponse, le Parti de gauche suédois a imputé les résultats du vote au gouvernement Löfven. Le chef du Parti de gauche Noshi Dadgostar a déclaré que le gouvernement dirigé par le Parti social-démocrate suédois « a abandonné le Parti de gauche et le peuple suédois » au lieu de nous aider.
Il est entendu que le système de location unique actuel de la Suède est que le « syndicat des locataires » (Hyresgästföreningen) représente les locataires dans les négociations collectives avec les propriétaires et fixe les prix de location en référence aux prix des maisons. Ceux qui soutiennent la nouvelle proposition du gouvernement estiment que ce vieux système d'après-guerre a entravé l'investissement en capital dans de nouveaux appartements, et que l'offre de logements est bien inférieure à la croissance démographique, ce qui rend très difficile pour les gens de louer une maison, et il faut même des années pour faire la queue pour la maison dont ils ont besoin.
Dans le même temps, l’offre insuffisante a conduit un grand nombre de jeunes Suédois à choisir de vivre chez leurs parents, ce qui les pousse à donner la priorité aux problèmes de déplacement lors de la recherche d’un emploi, entravant ainsi la mobilité des talents dans la société dans son ensemble. De plus, face aux loyers élevés, les gens sont plus enclins à choisir d’acheter une maison avec un prêt, ce qui fait grimper les prix de l’immobilier.
Mais même ainsi, les opposants à la proposition soutiennent que le système unique de la Suède est aussi la raison pour laquelle les augmentations de loyer à Stockholm sont plus faibles que dans d'autres capitales, par rapport à un système de marché libre, et que la nouvelle proposition va aggraver le pouvoir de négociation des locataires. Les prix des loyers en Suède étant déjà suffisamment élevés, un passage à un marché libre signifierait un point de départ élevé pour les loyers, ce qui ne ferait qu’alourdir encore davantage la charge locative.
La Finlande, pays voisin de la Suède qui s’est tourné vers la marchandisation dans les années 1990, est souvent utilisée comme contre-exemple par ceux qui s’opposent à la proposition. Anne Viita, présidente du syndicat des locataires finlandais (Vuokralaiset), a également jugé le changement trop drastique en Finlande. « En Finlande, les propriétaires peuvent résilier le contrat si le locataire refuse d'augmenter le loyer. » Elle estime donc que le modèle suédois est actuellement idéal et conseille aux Suédois de le gérer avec calme, sinon ils pourraient le regretter plus tard.
Löfven a été élu Premier ministre de Suède en 2014, mais lors des élections parlementaires du 9 septembre 2018, le nouveau parlement a voté une motion de censure à son encontre et Löfven a été démis de ses fonctions après quatre ans de mandat. Dans le système électoral suédois, c'est le président du Parlement qui nomme le nouveau Premier ministre. Mais le nouveau candidat a également été rejeté par le Parlement. Le processus de formation d'un nouveau gouvernement suédois a été bloqué et le pays s'est retrouvé presque confronté au dilemme d'être contraint d'organiser de nouvelles élections générales.
Le 18 janvier 2019, le Parlement suédois a voté la réélection de Löfven au poste de Premier ministre de la Suède et lui a permis de continuer à gouverner pendant quatre ans supplémentaires. Les résultats du vote ont montré que 153 voix étaient contre le maintien de Löfven au poste de Premier ministre, 115 voix étaient pour, 77 voix étaient des abstentions et 4 députés étaient absents et n'ont pas voté. Selon le « système parlementaire passif » suédois, tant qu'il n'y a pas d'opposition majoritaire (plus de la moitié du total) le parti peut continuer à gouverner même s'il ne parvient pas à obtenir la majorité absolue aux élections générales. C'est pourquoi Löfven a été réélu Premier ministre en 2019. La raison de l’absence de votes négatifs était que Löfven avait le soutien secret du Parti de gauche et de deux partis de centre-droit.
Concernant la révocation, Anders Sannerstedt, expert à l'Université de Lund en Suède, a déclaré à l'AFP qu'il ne pensait pas que les gens souhaitaient de nouvelles élections. Dans le même temps, compte tenu de la composition actuelle du parlement suédois, si Löfven partait, cela pourrait conduire à un nouveau blocage au parlement. Sannerstedt estime qu'étant donné que Lefven est un très bon négociateur, le résultat le plus probable est qu'il reviendra.