Le Premier ministre chinois Li Keqiang avec le président du Conseil européen Donald Tusk (à droite) et le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker (à gauche) lors du sommet UE-Chine à Bruxelles Reuters
Le sommet Chine-UE s'est terminé mardi à Bruxelles. Après que le Premier ministre chinois Li Keqiang a fait des concessions à l'UE sur les subventions aux entreprises publiques, l'accès au marché et l'opposition au transfert forcé de technologie, les deux parties ont conclu une déclaration commune. L'UE a salué le sommet pour ses percées. Dans le même temps, la Chine reste prudente à l’égard de Pékin. Le sommet a confirmé que le prochain sommet Chine-UE résumera la mise en œuvre des engagements pris par la Chine lors de ce sommet.
Dans cette déclaration conjointe de sept pages signée par le Premier ministre chinois Li Keqiang, le président du Conseil européen Donald Tusk et le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker, les deux parties se sont engagées à développer le commerce sur la base des règles internationales et à s'opposer à l'unilatéralisme et au protectionnisme.
L'UE estime que les entreprises publiques subventionnées par l'État chinois provoquent une concurrence féroce. La déclaration commune adoptée à l'issue des négociations entre les deux parties stipule que les deux parties s'engagent à « renforcer les règles internationales sur les subventions industrielles » dans le cadre de l'Organisation mondiale du commerce. , ce que l’UE considère comme crucial.
Le président du Conseil européen, Donald Tusk, a qualifié le sommet de « percée » et a déclaré que « la Chine a accepté pour la première fois de garantir une réforme avec l'UE sur cette disposition clé de l'OMC ».
La déclaration commune permet à la Chine et à l'Europe de présenter un front uni face à l'Amérique de Trump, qui a multiplié ces derniers mois les menaces commerciales contre la Chine, comme contre l'Union européenne.
Les négociations entre la Chine et l'UE sur la déclaration finale ont été pratiquement au point mort, l'UE estimant que les engagements de la Chine n'étaient pas suffisamment forts. Après que Pékin a finalement fait des concessions à l'UE, les deux parties sont parvenues à une déclaration commune.
En termes d'accès au marché, la déclaration signée par Pékin donne une garantie claire : la Chine et l'UE se donneront mutuellement satisfaction et ne pratiqueront aucune discrimination à l'encontre d'une partie. Jusqu'à présent, l'UE a toujours cru que la Chine pouvait entrer librement sur son marché, alors que les entreprises européennes rencontrent de nombreux obstacles pour entrer sur le marché chinois et sont traitées de manière gravement injuste.
« Nous allons transformer nos déclarations en actes », a déclaré le Premier ministre chinois Li Keqiang, soulignant l'importance d'un accord d'investissement en négociation depuis six ans entre la Chine et l'UE et il espère qu'il pourra être formellement signé en 2020.
En ce qui concerne l'opposition au transfert forcé de technologie, la déclaration stipule : « Le transfert forcé de technologie doit être évité. » La Chine a été accusée par l'Europe et les États-Unis de forcer les entreprises occidentales qui investissent en Chine à transférer leur technologie, sous peine de rencontrer de nombreuses difficultés.
Le sommet a été un grand pas dans la bonne direction
Le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, a salué le sommet Chine-UE : « Le sommet d'aujourd'hui est un grand pas dans la bonne direction. » Mais « il faut trouver un bon équilibre et un réel bénéfice mutuel ». Dans un discours prudemment optimiste, Juncker a déclaré que les deux parties avaient convenu de proposer un mécanisme pour identifier et éliminer les obstacles à l'accès au marché. Le discours de Juncker a montré que les deux parties ont atteint un objectif clair et que le prochain sommet résumera la mise en œuvre des accords conclus lors de ce sommet.
Coincée entre l'unilatéralisme américain et l'impact massif de l'initiative chinoise « Belt and Road » sur le marché européen, l'UE cherche depuis des mois à rééquilibrer ses relations diplomatiques et commerciales avec la Chine.
L’Union européenne a publié le 12 mars un plan en dix points, soulignant que la relation entre l’UE et la Chine est à la fois celle de partenaires et d’adversaires. Par la suite, l'UE a proposé à ses États membres un plan visant à construire un réseau 5G sécurisé, qui visait clairement le chinois Huawei.
Dans le même temps, ce mois-ci, le cadre de surveillance des investissements étrangers de l'UE est entré en vigueur, et les principaux opposants visés par le projet de loi dans le cadre de ce cadre sont la Chine. Le président français Emmanuel Macron a salué « le réveil de l'Europe » face à la Chine. Il a exhorté la Chine à « se conformer à l’unité de l’UE ». Pékin a été accusé d’exploiter les conflits au sein de l’UE pour diviser les États membres afin de maximiser ses propres intérêts. Fin avril, le président chinois Xi Jinping s'est rendu en France. Macron a profité de cette occasion pour inviter la chancelière allemande Angela Merkel et le président de la Commission européenne Juncker à rencontrer Xi Jinping. L'intention de Macron était très claire : l'UE doit faire face à la Chine ensemble.
En 2018, la Chine était le premier importateur et le deuxième exportateur de l’UE. La Chine a toutefois tiré d’énormes bénéfices de ses échanges avec l’UE : l’excédent commercial de la Chine avec l’UE s’élève à 184 milliards d’euros.
Radio France Internationale