« D'ici 2030, l'Europe doit se doter d'une défense européenne forte », a déclaré la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, à Copenhague. « Être prête pour 2030 implique de se réarmer et de développer les capacités nécessaires à une dissuasion crédible » et de disposer d'une base industrielle de défense qui « constitue un avantage stratégique », a-t-elle ajouté.
Mme von der Leyen a souligné que pour être prêts d’ici 2030, « nous devons agir maintenant ». La Commission européenne présentera mercredi son « livre blanc » sur la défense, nouvelle étape de sa stratégie pour « réarmer l'Europe ».
La menace russe, combinée au risque d’un retrait américain en Europe, oblige les pays du continent à renforcer leurs défenses.
« Si l’Europe veut éviter la guerre, elle doit s’y préparer », a déclaré Mme von der Leyen.
Pour atteindre cet objectif, l'UE espère lever jusqu'à 800 milliards d'euros, dont 150 milliards d'euros seront accordés aux 27 pays sous forme de prêts pour financer les achats et les investissements de défense sur le continent européen.
« La première tâche, et la plus cruciale, est d’augmenter considérablement les dépenses consacrées à la défense », a-t-elle averti dans un discours à l’Académie militaire royale danoise.
Elle a déclaré que les budgets de défense de 27 pays avaient augmenté de plus de 31% depuis 2021. C'est une amélioration, mais pas suffisante.
La Commission souhaite donc encourager les pays de l’UE à augmenter leurs dépenses militaires, qui représentent actuellement en moyenne un peu moins de 2% de leur produit intérieur brut (PIB).
Cela leur permettrait de dépenser jusqu’à 1,51 % du PIB pour l’armée sur quatre ans sans avoir à se soucier de violer les règles budgétaires qui limitent les déficits publics à 31 % du PIB.
La Commission européenne a indiqué que cela permettrait de mobiliser jusqu'à 650 milliards d'euros durant cette période.
Une autre priorité est d'«acheter davantage de produits européens», car «la plupart des investissements dans le secteur de la défense sont actuellement réalisés en dehors de l'Europe», a encore souligné le président de la Commission.
À cette fin, « nous mettrons en place un mécanisme européen de vente d’armes » pour encourager les achats conjoints et permettre aux industries de défense européennes de « disposer d’un flux de commandes pluriannuel pour guider leurs investissements », a promis Mme von der Leyen.
Quant à l'Ukraine, autre priorité de la défense européenne, « peut-être la plus stratégique », le problème est d'armer suffisamment le pays en guerre contre la Russie pour qu'il ne puisse pas être dévoré par des « envahisseurs potentiels » comme des « porcs-épics de fer », a-t-elle souligné.