Les responsables français exhortent leurs institutions de recherche à envisager d'accepter les scientifiques qui ont quitté les États-Unis en raison de la politique de réduction des financements du président américain Trump, a rapporté l'AFP le 9 mars.
Depuis son retour à la Maison Blanche, Trump a fait une série d’annonces choquantes, notamment une réduction drastique du financement de la recherche publique, son retrait de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et le licenciement de centaines d’employés d’agences fédérales responsables de la recherche sur le climat et la santé.
Ces coupes budgétaires ont été largement condamnées par la communauté scientifique. Le 7 mars, des scientifiques ont organisé des manifestations à travers les États-Unis pour dénoncer cette politique, et des événements similaires ont été organisés ailleurs, notamment en France. Des scientifiques, dont les prix Nobel Esther Duflo et Anne L'Huillier, ainsi que le climatologue Christophe Cassou, ont écrit une tribune dans Le Monde condamnant les « attaques sans précédent » aux États-Unis, affirmant qu'elles menaçaient « l'un des piliers de la démocratie ».
« De nombreux chercheurs de renom ont commencé à s’interroger sur leur avenir aux États-Unis. »« Nous espérons naturellement pouvoir accueillir une partie de ces talents », a écrit Philippe Baptiste, ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, dans une lettre adressée à l’Agence nationale de la recherche, aux instituts nationaux de recherche (CNRS, Inserm) et aux universités. Il a demandé aux dirigeants des établissements concernés de lui soumettre « des réflexions, des alertes, des analyses et des propositions concrètes » sur le sujet, tant en termes de domaines technologiques et scientifiques prioritaires qu’en termes de dispositifs spécifiques à mobiliser ou à mettre en place. "Je partage la responsabilité avec (la ministre de l'Education nationale) Elisabeth Bohn et veillerai à ce que nos engagements soient mis en œuvre", a ajouté M. Baptiste dans une déclaration à l'AFP le 9 mars.
L'université d'Aix-Marseille, dans le sud de la France, aurait annoncé qu'elle allait mettre en place un programme spécifiquement destiné à accueillir des chercheurs américains, notamment ceux qui étudient le changement climatique. Le nouveau programme, annoncé par l'école, accueille les scientifiques qui « peuvent se sentir menacés ou entravés » aux États-Unis et souhaitent « poursuivre leur travail dans un environnement propice à l'innovation, à l'excellence et à la liberté académique ».
Yasmine Belkaid, directrice de l'Institut Pasteur et ancienne chercheuse américaine en immunologie, a déclaré dimanche à La Tribune qu'elle recevait « tous les jours » des candidatures de scientifiques français ou européens actuellement en poste aux Etats-Unis, « et même américains ». « On peut dire que c’est une opportunité triste, mais c’est aussi une opportunité pour la recherche française », a-t-elle déclaré.« C’est le moment de nous positionner comme des acteurs clés de cet écosystème de recherche, nécessaire à notre souveraineté économique », a-t-elle souligné. "